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António TEIXEIRA

(1707 - 1769)

Te Deum à 20 voix & orchestre

La Chapelle Vocale de Lausanne

Ensemble Vocal Heinrich Schütz - Annecy

Ensemble Baroque du Léman

Katia VELLETAZ, Capucine KELLER - sopranos

Rodrigo SOSA DAL POZZO, Rafal TOMKIEWICZ - altos

Valerio CONTALDO, Stephan VAN DYCK - ténors

Alejandro MEERAPFEL, Renaud DELAIGUE - basses

Direction: Gonzalo MARTINEZ

 

Vendredi 17 mai 2019 - Temple de Saint-Gervais - Genève - 20h00

Samedi 18 mai 2019 - Eglise de Mosinges - Cran Gevrier / Annecy - 20h30

Dimanche 19 mai 2019 - Eglise Saint-François - Lausanne - 17h00

 

 

António TEIXEIRA (1707 - 1769)

Le couronnement de Dom João V en 1707 annonce une période de grands changements au Portugal. L’ambition du monarque est de sortir le Portugal de son isolement politique et d’encourager son développement économique en adoptant une politique d'absolutisme basée sur le modèle français, à l’instar du roi de France Louis XIV. Son but est de créer ainsi des liens de plus en plus étroits entre l'Église et l'État, en les renforçant pour que, non seulement la société, mais aussi la culture en soient profondément imprégnées.

 

La piété naturelle de Dom João V en vieillissant s’accentue jusqu’à devenir excentrique, voire exagérée.

Il endosse alors un rôle idéalisé de prêtre-roi. Le Pape Benoît XIII l’autorisera même à prononcer la messe. Il est dès lors peu surprenant qu’avec sa pratique, la liturgie et la musique prennent une place prépondérante, particulièrement au sein de la Chapelle Royale. 

 

Le monarque encourageait l’excellence en employant des musiciens étrangers renommés (Domenico Scarlatti en est l’exemple le plus célèbre, venu enseigner le clavecin à sa fille Maria-Barbara).  De plus, il a également envoyé des musiciens portugais à l’étranger, tout en promouvant une formation de haut niveau au Portugal, sous la forme d’un séminaire particulier, directement rattaché à la Chapelle Royale. Cette politique royale ferme et déterminée amena António Teixeira à partir pour Rome afin d’y étudier le contrepoint, la composition et le clavecin.

 

António Teixeira est né en 1707 à Lisbonne (la date exacte est inconnue, mais on sait qu’il a été baptisé le 14 mai). Il n'avait que neuf ou dix ans lorsqu’une bourse royale rendit possible son voyage en Italie.

Il demeura à Rome durant dix ans et, dès son retour à Lisbonne, il fut immédiatement très sollicité en tant que musicien. Le 11 juin 1728, il fut nommé aumônier et examinateur officiel du plain-chant de la cathédrale et du diocèse.

 

L'orientation ecclésiastique de sa carrière signifie naturellement qu'il a laissé une grande quantité d’œuvres sacrées, que l’on retrouve dans les bibliothèques de Lisbonne et de Vila Viçosa. Il a également composé des opéras et des cantates profanes, notamment « Gli sposi fortunati » donné en première représentation au Carnaval de 1732. 

 

Ce fastueux Te Deum à vingt voix réparties en cinq chœurs, avec orchestre et orgue, dont la précieuse partition a été retrouvée dans les archives de l’église italienne du Loreto à Lisbonne; cette dernière, tout comme le manuscrit en question, amiraculeusement survécu au grand tremblement de terre qui détruisit la capitale portugaise en 1755. La page de titre précise qu’il a été « fait en 1734 », apportant à l’entrefilet suivant du journal un intérêt inespéré : « Vendredi, dernier jour de l’année 1734, a été chanté avec la solennité et l’affluence habituelles, le Te Deum Laudamus en l’église de la maison professe des Pères de la Compagnie de Jésus, en action de grâces pour tous les bienfaits et bénéfices que Dieu Notre Seigneur nous a concédés au cours de cette année ».

Ce Te Deum a probablement été exécuté le dernier jour de 1734, bien qu'il aurait pu l’être deux ans plus tôt. Cette date a été dictée par la vieille tradition de chanter le Te Deum le 31 décembre afin de remercier Dieu pour tous les bienfaits reçus au cours de l'année.

 

 

Cette œuvre est remarquable à la fois pour sa longueur (sans que cela soit surprenant, compte tenu de cette tradition portugaise pour la composition d’œuvres conséquentes) et pour sa notation : Teixeira fait en effet appel à huit solistes, cinq chœurs à quatre voix et un grand orchestre qui comprend, outre les cordes habituelles et la section continue, des flûtes, des hautbois, des bassons et des cors.

 

Musicalement, le Te Deum est extrêmement sophistiqué, prouvant ainsi la grande expérience acquise par Teixeira durant ses études à Rome. Une utilisation fréquente et efficace de l'écriture polyphonique (la conclusion du « Tibi omnes angeli » en est un exemple notable) conduit à un équilibre musical de l'ensemble choral complet. Avec l'ajout d'une écriture virtuose pour les solistes, la gamme des couleurs sur laquelle le compositeur peut s'appuyer est très large. Une caractéristique significative de la plupart de l'écriture des parties solistes de cette œuvre est leur caractère lyrique : le solo d'ouverture pour soprano « Tu devicto mortis » est l’exemple concret une transposition efficace d’un contexte sacré vers un récitatif aux accents dramatiques. 

 

Aujourd’hui, tout visiteur au Portugal constatera par lui-même l'influence sur l’architecture du règne du roi-prêtre Dom João V dans l'étonnant couvent de Mafra, construit dans l'accomplissement d'un vœu fait à Saint-Antoine. 

 

Le Te Deum de Teixeira, en partageant sa qualité architecturale monumentale et le sens d'un grand projet complexe au service d'une cause supérieure, n'en est pas moins le reflet de son temps.

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